The Piercing Laser and the Satellite Dish: The Lived Experience of AuDHD
(Pour la version française, c’est plus bas 👇)
I’m sitting at my desk, laser-focused on finishing a grant proposal… when a bird’s call through the window scatters my attention like a satellite dish scanning the sky. The shift isn’t predictable; it’s as if my attention has a life of its own, swinging between extremes. This is what it feels like to live with both autism and ADHD: AuDHD. In this blog post, I want to share what these extremes mean in my everyday life—and perhaps offer a metaphor that might resonate with others as well.
I propose taking you on a ride with me into the rather uncharted territory of AuDHD. I will use my own experience of focusing while working as a starting point to provide a glimpse into the contradictions felt every second of every day, which constitute the very essence of AuDHD. These many contradictions can be reframed as phenomenological fragments, each representing a dynamic tension in my cognitive-emotional-embodied system. Take it as a first-person cartography of the AuDHD experience.
Piercing Laser vs. Satellite Dish
In this metaphor, the laser represents hyperfocus, intense selective attention, tunnel vision, and rigidity, which are hallmarks of the combination of ADHD hyperfocus and autistic detail orientation. The satellite dish impersonates the scanning, absorbing, distractibility, and openness to multisensory inputs, which are classic markers of ADHD distractibility and autistic sensory sensitivity. The laser and the satellite can each be positioned as dynamic poles, constantly nourishing a space of tension in between.
Laser Mode: When Concentration Becomes Fusion
When I work—usually at my computer—I focus so intensely that my body and mind seem to dissolve into the machine. Gradually, invisible fibres stretch from every part of me, anchoring themselves to the computer to form a singular space where I, the tool, and the work merge into one. After ten or fifteen minutes (though it’s impossible to tell for sure, because in those moments, time both contracts and dilates), I cease to exist in the room: I am elsewhere, far away, deeply submerged in an ocean of consciousness. My senses, overheated, turn inward. My mind hurtles forward like a hypersonic train gliding on electromagnetic rails. Inside, a deafening roar coexists with utter stillness. At the heart of this polarised tension lies the very essence of this oceanic state: an almost mystical flow, boundless and infinite.
But this state, as powerful as it is, is exquisitely unstable. Not fragile—unstable. The faintest click, hum, flicker of light, birdsong, or speck of dust can shatter everything. Picture a supersonic train crashing headlong into a wall. When someone speaks to me or interrupts this deep state, it feels as if my mind is being wrenched from another dimension. It’s a violent, tearing force, as if my limbs were being stretched to breaking point—an inner collapse. Everything spins, I plummet into a void (often to the left), and I scream silently in pain, rage, frustration, and terror.
Satellite Dish Mode: Hyperconnection and Dispersion
This total immersion—this almost mystical fusion—can be shattered in an instant by the slightest particle of dust. For just as I can dive into the depths, I can just as suddenly find myself in the opposite state: my mind scattering in all directions, like a high-definition satellite dish, tuned to every signal at once. Each sound, each movement, each stray thought becomes a beacon that pulls me off course. And so, I spiral into a chaotic dance of information, unable to regain my centre, as if the gentlest disturbance could suddenly and violently sweep me away.
“For just as I can dive into the depths, I can just as suddenly find myself in the opposite state: my mind scattering in all directions, like a high-definition satellite dish, tuned to every signal at once.”
In a forthcoming article, I will explore potential theoretical frameworks to try to conceptualise these neuro-poetic descriptions. Indeed, the hypothesis is that these two opposing yet co-existing states in the AuDHD profile—the laser and the satellite—are components of a neurologically distinct functioning that combines autism and ADHD, and whose interaction gives rise to emergent properties, rather than simply adding together the individual autistic and ADHD traits. Whatever theoretical lens one chooses, my aim in this approach is to evoke the beauty, the challenges, and the richness of this unique experience that is AuDHD.
(Ici c’est plus bas 👋)
— Version française —
Le laser et le satellite : la concentration, entre intensité et éclatement, chez les AuDHD
Je vous propose de m’accompagner dans une exploration de l’univers encore largement méconnu de l’AuDHD, c'est-à-dire le profil combinant autisme et TDAH communément connu sous sa forme anglo-saxonne : AuDHD (de la fusion entre Autism et ADHD (TDAH en français). Dans cet article, je m’appuierai sur ma propre expérience de la concentration au travail comme point de départ pour vous offrir un aperçu des contradictions ressenties à chaque seconde, chaque jour, et qui constituent l’essence même de l’AuDHD. Ces multiples contradictions peuvent être reconfigurées comme des fragments phénoménologiques, chacun représentant une tension dynamique au sein de mon système cognitif-émotionnel-corporel. Considérez-le comme une cartographie en première personne de l’expérience AuDHD.
Métaphore : Laser perçant vs. Parabole satellite
Dans cette métaphore, le laser représente l’hyperfocalisation, l’attention sélective intense, la vision en tunnel et la rigidité, caractéristiques emblématiques de la combinaison de l’hyperfocalisation propre au TDAH et de l’orientation vers le détail typique de l’autisme. La parabole satellite incarne le balayage, l’absorption, la distractibilité, l’ouverture aux entrées multisensorielles, qui sont classiques de la distractibilité liée au TDAH et de la sensibilité sensorielle propre à l’autisme. Le laser et la parabole peuvent chacun être envisagés comme des pôles dynamiques, nourrissant en permanence un espace intermédiaire de tension.
Le Mode Laser : Quand la concentration devient fusion
Quand je travaille – la plupart du temps sur mon ordinateur – je me concentre à tel point que mon corps et mon esprit semblent se fondre avec la machine. Peu à peu, des fibres invisibles s’étendent de tout mon être, s’arrimant à l’ordinateur pour former un espace unique où moi, l’outil et la production ne faisons plus qu’un. Après dix ou quinze minutes (je ne saurais le dire avec certitude, car dans ces moments, la notion du temps se contracte et se dilate à la fois), je n’existe plus dans la pièce : je suis ailleurs, très loin, en plongée profonde dans un océan de conscience. Tous mes sens sont surchauffés et se tournent alors vers le monde intérieur. Mon esprit file à toute allure, comme un train hypersonique en sustentation électromagnétique. À l’intérieur, un vacarme assourdissant coexiste avec un calme absolu. Au cœur de cette tension polarisée se trouve l’essence même de cet état océanique : un flow presque mystique, sans frontières.
Mais cet état, aussi puissant qu’il soit, est d’une instabilité extrême. Pas fragile. Instable. Le moindre cliquetis, bourdonnement, éclat de lumière, chant d’oiseau ou grain de poussière peut tout faire dérailler. Imaginez un train supersonique qui percute un mur à pleine vitesse. Quand quelqu’un me parle ou interrompt cet état profond, c’est comme si on arrachait mon esprit d’une autre dimension. C’est un arrachement brutal, comme étirer mes membres jusqu’à la rupture, un effondrement intérieur. Tout se met à tourner, je tombe dans un vide (souvent sur la gauche), je hurle en silence de douleur, de colère, de frustration et de terreur.
Le Mode Satellite Dish : Hyperconnexion et Dispersion
Cette immersion totale, cette fusion presque mystique, peut donc s’interrompre brutalement au moindre grain de particule. Car si je peux plonger profondément, je peux aussi, parfois, me retrouver dans l’état inverse : celui où mon esprit se disperse dans toutes les directions, comme une parabole haute-définition captant chaque signal en même temps. Chaque bruit, chaque mouvement, chaque pensée devient un signal qui attire mon attention. Et alors, je me perds dans une danse chaotique d’informations, incapable de me recentrer, comme si la moindre perturbation pouvait m’emporter.
“Si je peux plonger profondément, je peux aussi, parfois, me retrouver dans l’état inverse : celui où mon esprit se disperse dans toutes les directions, comme une parabole haute-définition captant chaque signal en même temps. ”
Dans un prochain article, j'explorerai des possibles ancrages théoriques pour tenter de conceptualiser ces descriptions neuro-poétiques. En effet, l'hypothèse est ces deux états opposés et pourtant co-existants dans le profil AuTDAH, le laser et le sattelite, sont des composantes d’un fonctionnement neurologique différent combinant autisme et TDAH et dont la combinaison entrainerait l'émergence de propriétés propres et non l'addition des caractéristiques individuelles autistiques et TDAH. Quel que soit l'éclairage théorique que l'on choisisse, le but de ma démarche est d'évoquer la beauté, les défis et la richesse de cette expérience unique qu'est le AuDHD.